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Christophe Deborsu scrute le bitume pour «Exclusif»: «On a manqué d’argent pour entretenir nos routes»

Pour le magazine de Tatiana Silva, Frédéric Deborsu passe à la loupe l’état de nos routes et pointe les plus accidentogènes.

Quel a été le point de départ de cette enquête?

La constatation inquiétante, donnée par VIAS, que le nombre de morts sur nos routes en Wallonie est plus élevé qu’en Flandre, pratiquement deux fois plus par habitant. Cela s’explique par plusieurs facteurs. Nous avons 17000 m2 de routes alors que la Flandre en a 13500 m2, les Wallons font plus de distance, roulent plus, donc fatalement, cela augmente le risque d’accidents. On a une tendance à rouler plus vite, il y a moins de radars qu’en Flandre, même si on est en train de rattraper notre retard. Nous en sommes arrivés à nous interroger sur l’état de nos routes, qui pourrait expliquer les chiffres du nombre de morts. L’autre déclic de cette enquête est le sentiment ancré chez nous que dès qu’on passe la frontière linguistique ou française, les routes sont moins abîmées.

Et donc, où se situe le problème?

Eh bien, il faut remonter à la fédéralisation des routes par la réforme de l’Etat en 1988. Tout le monde, même les Flamands, s’accorde à dire que la Wallonie a été lésée financièrement. Les «Toshiba boys», négociateurs flamands sous la houlette de Jean-Luc Dehaene, ont fait le job à l’avantage de la Flandre. Nous payons encore aujourd’hui les pots cassés de cette situation, on a manqué d’argent pour entretenir nos routes. Comme pour une maison, plus vous attendez pour faire les réparations, plus cela coûte cher.

Qui avez-vous interrogé pour ce reportage?

Le ministre Henry, chargé de la Mobilité et des Infrastructures, des personnes de la Sofico, des forces de l’ordre, des dépanneurs, des témoins.

Avez-vous cartographié les endroits les plus dangereux?

Oui, nous sommes allés à certains endroits. L’un des plus étonnants est la route des Trente-six tournants entre Engis et Neupré. C’est quasiment une petite route de montagne, difficile à entretenir. J’ai cru trois fois que j’allais mourir tellement c’est difficile d’y tenir sa droite, il y a beaucoup de camions. Je suis retourné sur les lieux de dramatiques accidents et ai parlé avec des parents de victimes.

Y a-t-il quand même du positif dans tout ça?

Il y a une prise de conscience de la part des autorités de la gravité de la situation. Il a été décidé d’abandonner beaucoup de projets, sauf ceux essentiels, pour entretenir le réseau actuel. D’autant que, vu la position de la Belgique au centre de l’Europe, nos routes nous font gagner beaucoup d’argent. On est un leader européen au niveau de la logistique du transport routier. Et puis, on le montrera dans le reportage, il existe de nouvelles machines plus performantes pour le colmatage des routes.

Que retenir de ce reportage?

On ne se rend pas compte qu’une voiture peut être aussi mortelle qu’une arme et donc il faut redoubler de prudence. Je suis sorti de là plus sensible à la limitation de la vitesse. Et si ce reportage peut servir à ça, tant mieux. Comme tous les parents, ma hantise a toujours été qu’un policier frappe à ma porte et m’annonce qu’il est arrivé un accident à un de mes fils.

«Exclusif», 28 mars, 20h30, RTL-TVI.

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