Ça tangue sur la Croisette: Cannes déroule encore le tapis aux polémiques


Cette année, les premiers talons aiguilles ne s’étaient pas encore enfoncés dans le tapis rouge qu’un film, ou plutôt le casting associé, faisait scandale. Projeté mardi, en ouverture du Festival, « Jeanne du Berry », réalisé par Maïwenn, met en scène, dans le costume de Louis XV, un certain… Johnny Depp.
Le pirate du cinéma hollywoodien avait en effet disparu – contraint et forcé – des grands écrans depuis le procès intenté par son ex-épouse Amber Heard pour violences conjugales. Mais ce n’est pas tant la présence d’un Américain dans la peau d’un roi de France qui dérange l’opinion publique à Cannes, c’est plutôt le passé litigieux du Depp (que la justice n’a pourtant pas reconnu coupable). Pour certains, il n’aurait plus sa place sur un tapis rouge. « Les gens se concentrent sur ce qu’ils veulent », a-t-il réagi. « La seule chose que ça fait, c’est que les gens parlent du film, de notre travail ». Mais la polémique est d’autant plus renforcée par le fait que, dans le passé, Maïwenn a déjà pris la défense de Roman Polanski et, récemment, s’est moquée de la décision de l’actrice Adèle Haenel de quitter l’industrie pour « dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels ».
Si, cette année, ce n’est pas (encore) le thème d’un film, ou la manière dont il est réalisé, qui choque, l’histoire retiendra que certaines œuvres contestées sur le tapis rouge, ou dans la salle de projection, ont fait parler d’elle au-delà du Festival.
Le viol de Monica
Comme, en 2002, le sulfureux et violent « Irréversible » qui mettait en scène, pendant de longues minutes, le viol de Monica Bellucci. Certains spectateurs quittent alors la salle tandis que d’autres s’évanouissent. Vincent Cassel, alors son partenaire à la ville comme à l’écran, avait déjà frayé avec la polémique cannoise. C’était 17 ans plus tôt avec « La haine ». Pas encore projeté, le film traînait déjà une réputation de réalisation « anti-flics ». Dès lors, lors de la montée des marches de l’équipe du film, le service de sécurité lui tourne le dos. Mais c’est le film, devenu culte, qui en ressortira grandi.
Habitué de la Croisette, Lars Von Trier sait, en 2009, qu’il y fera sensation avec son « Antichrist » et ses scènes de sexe réelles et d’automutilation. Certains journalistes demanderont même des excuses au réalisateur, qui ne s’y pliera pas. Et le jury attribuera même à Charlotte Gainsbourg, l’actrice principale du film, le prix d’interprétation. En 2019, le réalisateur Abdellatif Kechiche (à qui on devait déjà « La vie d’Adèle ») ira encore un cran plus loin avec « Mektoub, My Love : Intermezzo » et ses longues scènes décrites comme pornographiques. Le film se fait dézinguer et Kechiche est forcé de remonter son film. Qui, depuis, n’est encore jamais officiellement sorti en salles…
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