Il y a 100 ans, la Sabena prenait son envol


Symbole d’une certaine Belgique, pionnière de l’aviation civile pendant des décennies mais aussi ambassadrice de la Belgique à l’étranger, la Sabena aurait soufflé sa 100e bougie ce mardi 23 mai 2023 si la compagnie aérienne n’avait fait faillite en novembre 2001, causant alors la perte de quelque 7.300 emplois.
Officiellement, c’est la date du 23 mai 1923 qui marque la naissance de la Société anonyme belge d’exploitation de la navigation aérienne, mieux connue sous l’acronyme de Sabena.
En réalité, la compagnie nationale, créée par l’État belge, pourrait avoir quatre ans de plus, si on l’associait à son ancêtre, le Sneta (Syndicat national pour l’Étude des Transports Aériens), fondé en 1919, au lendemain de la première guerre mondiale, « afin d’étudier les possibilités de développer le transport aérien en Belgique ».
Quelques dates
En 1923, ce dernier clôture sa mission d’étude et quelques mois plus tard, en mai, la première ligne officielle voit le jour. Limitée au courrier et au fret, elle relie Bruxelles à Lympne, au Royaume-Uni.
L’année suivante, les premiers passagers embarquent à destination de Strasbourg.
En 1925, un avion de la Sabena atterrit en Afrique, au terme d’un vol de 75 heures effectives, qui aura duré… 51 jours.
En 1947, les hôtesses font leur apparition à bord des appareils et la Sabena traverse l’Atlantique pour relier, deux fois par semaine, Bruxelles à New York.
Dès les années ’50, la Sabena dispose d’un parc d’hélicoptères et assure des liaisons, en collaboration avec La Poste, entre Bruxelles et plusieurs villes belges puis étrangères dans les années ’60 (Rotterdam, Lille, Maastricht, Paris, Dortmund, Cologne, etc.).
En 1958, année de l’Exposition universelle de Bruxelles, la compagnie, qui a continué à étoffer ses destinations internationales, franchit la barre des 10.000 employés. Elle se targue également d’utiliser les avions les plus modernes (Douglas DC-6, Boeing 707, Caravelle, Boeing 747…). Mais, parallèlement, sa situation financière ne cesse de se dégrader jusqu’à ce que le déficit dépasse le milliard de francs belges au milieu des années ’70.
Dans la foulée, un plan d’économies est mis sur pied et plusieurs centaines d’emplois passent à la trappe. Hélas, au début des années 80, le déficit cumulé frôle les 10 milliards de francs (environ 250 millions d’euros), ce qui pousse l’État à injecter plus de sept milliards dans la compagnie.
Se sont ensuivis des flirts, des fiançailles et/ou des mariages avec différents partenaires.
En 1990, British Airways et KLM ont acquis chacune 20 % du capital de la Sabena pour un prix de deux milliards de francs. Mais l’aventure est de courte durée : sous la pression politique, les deux entreprises se retirent à la fin de l’année et la Sabena doit leur rembourser à chacune les deux milliards de francs.
En janvier 1991, un nouveau plan d’entreprise prévoit la suppression de 2.000 emplois. Dans le même temps, les autorités injectent 35 milliards de francs belges supplémentaires. Ce sera la dernière aide publique acceptée par la Commission européenne.
En avril 1992, Air France prend alors une participation de 37,5 % dans la Sabena. En échange, les Belges reçoivent six milliards de francs d’argent frais. Ce mariage prend également rapidement fin, en 1994.
En 1995, la Sabena s’amourache de Swissair. Sur fond de vives tensions sociales, la compagnie suisse acquiert 49,5 % du capital de la société belge et pousse à un développement – trop – rapide.
En 2000, le gouvernement fédéral et SAIr Group (Swissair) concluent un accord prévoyant que les Suisses détiennent, à terme, 85 % du capital de la Sabena.
2001 se révélera finalement l’année fatale, alors que les dettes de la compagnie belge sont abyssales (près de 100 milliards de francs, soit environ 2,5 milliards d’euros), que ses résultats sont désastreux et que les attentats du 11 septembre 2001 viennent plomber un secteur déjà en grande difficulté. Une nouvelle injection de capital et un plan de redressement sont envisagés, sous l’égide de la compagnie suisse, dans le cadre des accords Astoria. Mais Swissair est déclarée en faillite le 1er octobre, précipitant la Sabena vers le gouffre. Le 7 novembre, son sort est définitivement scellé par le tribunal de commerce de Bruxelles qui déclare la faillite de la Sabena.
Fin 2001, les administrateurs de la Sabena cèdent pour un euro symbolique les parts de DAT à SN Airholding. En 2002, DAT devient SN Brussels Airlines, l’actuelle Brussels Airlines. Celle-ci est désormais détenue par le groupe allemand Lufthansa. Tout comme Swiss d’ailleurs, le successeur de Swissair.
Plus de vingt ans après la faillite, le curateur pour la Sabena Christian Van Buggenhout est toujours occupé par les suites de la faillite.
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