Delhaize au tribunal de Mons: la justice donne raison à la direction, au grand dam des syndicats


L’ordonnance du tribunal du Hainaut, division de Mons, a été lue en une demi-heure ce mercredi matin. Les représentants des travailleurs (SETCa-FGTB et CSC-CNE), venus en nombre, ont reçu l’information dans la salle des pas perdus : la grève, oui… mais à condition de ne pas entraver l’activité économique ! Concrètement, le tribunal confirme les ordonnances qui avaient été demandées par la direction pour empêcher les piquets de grève.
« Le tribunal modalise -ce qu’il ne peut pas faire- la façon dont le droit de grève peut se mener », déplore Me Marianne Pétré, l’avocate des travailleurs Delhaize.
« À l’encontre du droit de grève »
« On se situe ici dans l’aboutissement de la stratégie patronale qui va à l’encontre du droit de grève. Ce genre de décision protège le capitalisme à l’encontre de l’évolution sociale. En matière de grève, on peut ralentir, mais pas bloquer l’activité économique. Delhaize bénéficie d’un droit économique supérieur à celui des travailleurs : il peut engranger du profit, faire valoir son intérêt économique, un droit supérieur qui ne peut pas être entravé. » L’ordonnance considère les magasins comme propriétés privées de Delhaize. Un piquet ne peut pas occuper « son » parking.
À côté de l’ordonnance rendue à Bruxelles, cette ordonnance valable en Hainaut est sans surprise quasi un copier-coller des précédentes ordonnances courant avril et début mai.
Sur le parking du palais de justice, les travailleurs sont dépités. « À quoi ça sert d’être non-violent ? », peste un travailleur. « Nous sommes non-violents », insiste pourtant Elisabeth Lovecchio. Et les délégués d’expliquer leurs mésaventures, à Mons, à Epinois, où les situations des Delhaize sont décrites comme parmi les pires. « La police arrive avec trois combis pour un piquet de 10 travailleurs non-violents. On nous demande notre carte d’identité… puis l’huissier arrive, bien souvent. »
Chiffre d’affaires en chute
Au Delhaize de la chaussée du Rœulx à Mons, le chiffre d’affaires a énormément chuté : de 40 à 45.000 euros de chiffres en caisse par jour et de 80.000 euros le week-end, ce chiffre est passé de 5 à 10.000 pour une journée ordinaire. Sensibilisé par les piquets, le public soutient indirectement la grève en ne venant plus.
Le Delhaize de Mons subit une baisse de 70 % de son personnel. « Ils fonctionnent avec des étudiants, comme aux Pays-Bas. Mais la période de blocus approche à grands pas ! Lors de la dernière manifestation, ils ont dû fermer par manque de personnel. »
Dans les discussions, il se dit qu’on n’a rien contre les indépendants patrons des franchisés. « Mais si le Delhaize de Mons est franchisé, prévient Rosario Sprio (CSC), il fonctionnera avec forcément la moitié du personnel actuel, sans quoi ce sera la faillite assurée. Les conditions sociales sont connues : horaires flexibles, polyvalence dans les missions, travail le dimanche, avec des étudiants, flexi-jobs… On est dans une autre commission paritaire. »
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