Fergal Harkin sur le départ de Ronny Deila du Standard pour le Club de Bruges: «Il quitte le projet trop tôt»

À deux jours de la réception du Cercle de Bruges, le club principautaire a organisé une conférence de presse particulière dans la salle de presse de Sclessin. Actualité oblige, Pierre Locht et Fergal Harkin ont pris du temps pour évoquer le départ avec effet immédiat de Ronny Deila. Pendant près de trente minutes, les deux hommes forts des Rouches sont restés incroyablement sereins au moment de répondre aux nombreuses questions. Prise de température et remise en contexte d’un départ dans l’air depuis bien longtemps.

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Quel a été le fil rouge des dernières heures de Ronny Deila dans la peau d’un Standardman ?

Pierre Locht : Il nous a téléphoné mercredi soir pour faire part de sa décision de rejoindre le Club de Bruges en compagnie d’Efrain Juarez. Dans la foulée, les directions ont discuté pour évoquer les modalités liées à son contrat. Il est clair que la déception est bien présente et que nous avons essayé de trouver un moyen de le convaincre de rester, notamment avec une revalorisation salariale, mais sans céder à la panique ou faire preuve de folie. Nos tentatives n’ont pas fonctionné, nous sommes déçus mais son choix est fait. Il sait que rejoindre une autre grande équipe en Belgique n’est pas anodin, c’est pour cela que la réflexion n’a sûrement pas été facile. Quand il a signé son contrat chez nous, nous avions déjà prévu les aspects susceptibles de lui permettre de franchir un cap. Il a peut-être estimé que Bruges en était un… »

Est-ce que vous comprenez sa décision ?

Fergal Harkin : Je vais vous répondre d’un point de vue professionnel car en ce qui concerne l’aspect privé, je n’en suis pas encore capable. C’est trop frais dans ma tête et je dois digérer les choses. Quand je l’ai eu la dernière fois au téléphone (NDLR : ce mercredi), je pensais qu’il allait poursuivre avec nous mais il a finalement pris une autre direction. Je suis déçu, au même titre que les joueurs, car il avait la chance d’être sur le banc du plus grand club de Belgique, avec un potentiel absolument énorme. Maintenant, le plan était clair quand je suis arrivé, à savoir de mettre les choses en place sans précipitation et donc sur trois ans. Nous ne voulions pas brusquer les événements inutilement. J’estime qu’il est parti trop tôt, surtout que nous comptions sur lui pour continuer à avancer. Mais nous n’allons pas nous morfondre car les objectifs restent inchangés ».

C’est davantage le timing de son départ qui semble poser souci. N’était-ce pas envisageable de le voir terminer la saison ?

Pierre Locht : À partir du moment où il a donné son accord pour aller dans une autre formation en Belgique, il paraissait impensable et exclu de le voir encore à Sclessin. Maintenant, en tant que comité d’administration, nous tenons à le remercier pour le travail accompli, avec sérieux et passion. Je peux entendre et comprendre la déception des supporters qui feront ce qu’ils ont à faire dans le stade. Nous n’avions ni prévu ni anticipé le lien qui s’est créé au fil de la saison. L’entente s’est avérée profonde, c’était agréable à voir et gratifiant mais désormais, nous devons regarder vers l’avant ».

Afin de notamment dénicher un nouveau coach. Quel sera le profil recherché ?

Fergal Harkin : quand il a signé chez nous, j’avais l’intime conviction que Ronny Deila rentrait parfaitement dans la case « Standard ». Je suis persuadé qu’il aurait dû rester chez nous, même si Bruges avait des arguments à lui proposer. Pour le remplacer, nous avons une liste de candidats mais je ne veux pas commencer à lâcher des noms. Ce n’est ni le moment ni l’endroit. Tout ce que vous pouvez savoir, c’est que je reçois beaucoup de messages et que nous allons prendre le temps d’analyser les choses calmement. J’ai déjà eu 50 agents qui m’ont proposé le même nombre de noms, le tout en une demi-journée. C’est fou comme tout peut aller très vite. Se presser ne fera toutefois jamais partie de notre vocabulaire. D’ici la reprise des entraînements, nous voulons dénicher un entraîneur avec un profil encore plus en adéquation avec nos attentes. Un peu de patience… »

Un élément qui n’existe pas dans le football moderne. Le départ de Ronny Deila n’est-il pas un pas en arrière ?

Pierre Locht : Non, pour la simple et bonne raison que nous avançons comme nous l’entendons. Je reste convaincu que le potentiel du Standard n’a pas d’égal en Belgique. Je ne connais pas la teneur de la mission qu’il vient d’accepter mais je sais ce que nous pouvions lui proposer. Le timing a sûrement joué un rôle, comme souvent dans le football. C’est l’instant « T » qui détermine beaucoup de choses, nous en sommes conscients et nous ferons en sorte de nous améliorer ».

En évitant, notamment, d’inclure une clause spécifique dans les contrats ?

Fergal Harkin : Cela fait partie de la réalité actuelle, je ne suis pas déçu de l’avoir mise dans nos discussions. N’oublions pas que Ronny était notre premier choix et qu’il a fallu passer par plusieurs éléments pour le convaincre de nous rejoindre. Je ne m’attendais toutefois pas à la voir s’activer aussi vite ».

En parlant d’action, est-ce que ces changements dans le staff auront un impact sur le mercato ?

Fergal Harkin : « Pas forcément, même si le lien que Ronny avait avec certains pourrait modifier la donne, sans toutefois la dénaturer. Les entretiens se poursuivent avec divers éléments et je suis convaincu qu’il sera plus aisé de convaincre des gars cet été. Le chemin parcouru est bon, les recrues potentielles ont vu les changements ainsi que la fiabilité du projet. Tout est une question de timing, de mesure et de justesse, le départ de notre entraîneur ne change rien à l’équation. Dire que la déception n’est pas grande serait mentir mais personne n’est résigné, tout simplement parce que le Standard ne se trouve pas dans le pétrin. Il a des arguments à avancer, des objectifs à proposer et une capacité de conviction intéressante. Nous venons de prendre un coup, certes inattendu mais le football est tel qu’il est toujours possible de se relever. Nous conservons notre plan de bataille, à savoir de décrocher un ticket européen la saison prochaine. Nous ferons en sorte d’avoir les moyens de nos ambitions… »