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Festival de Cannes: Natalie Portman joue avec son image d’actrice

Plus kitsch, tu meurs ! Natalie Portman a fait rire la Croisette entière avec « May December », l’histoire bien barrée d’une actrice s’installant quelques jours chez la femme dont elle s’inspire pour son nouveau film.

« May December » est un film est assez délirant. C’était clair dès la lecture du scénario ?

C’était l’attrait ! Je me réjouissais de faire partie d’un film avec deux personnages aussi complexes, le mien et celui de Julianne Moore. Elle joue une femme d’une cinquantaine d’années qui, vingt ans avant le début du film, a entamé une relation amoureuse avec un ado de treize ans. Et qui vit toujours avec lui quand j’arrive chez elle pour préparer un film inspiré de leur rencontre. Je sentais d’emblée que ce serait délicieux d’explorer l’histoire un peu barjo de ces deux âmes sinueuses dans une situation tordue.

Où avez-vous cherché de l’inspiration pour jouer cette actrice un peu fouille-merde ?

Comme vous le savez, j’ai commencé mon métier d’actrice assez tôt (à l’âge de treize ans dans « Léon » de Luc Besson, NDLR). J’avais donc une vie presque entière dans laquelle puiser. J’ai aussi pensé au travail de recherche que j’avais effectué pour préparer le biopic sur Jackie Kennedy. Je comprends donc totalement le point de départ de mon personnage dans « May December ». Et comme cette histoire d’amour entre une femme et un ado est basée sur des faits réels (l’histoire de la prof américaine Mary Kay Letourneau, tombée amoureuse de son élève de douze ans à peine en 1996, NDLR), il y avait aussi toute la matière publiée dans la presse à scandale, qui a largement couvert l’affaire à l’époque. Avec des titres sensationnalistes comme « Punie pour aimer », pas très subtils mais racontant quelque chose sur notre tendance à vouloir absorber les histoires des autres.

Il y a une scène assez gênante où Julianne Moore commente le poids de sa fille devant vous. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Je le trouve brillant car le film parle de l’idée de la performance du féminin. À quel point se pare-t-on d’idées reçues sur la féminité ? Le fait-on pour soi ou pour les autres ? C’est un thème présent dans tous les films de Todd (Haynes, le réalisateur, NDLR). Si on y pense, c’est un peu le cas ici aussi, au Festival de Cannes. En tant que femmes, nous sommes supposées nous comporter différemment que les hommes. Dans nos tenues de gala, dans notre allure. Les attentes sont autres et bien plus élevées. Alors bien sûr, ça joue sur notre façon d’être. Qu’on s’y complaise ou qu’on le rejette d’ailleurs. Quoi qu’on fasse, nous sommes définies par les structures sociales qui nous entourent.

Vous avez découvert le scénario et l’avez envoyé au réalisateur Todd Haynes. Pourquoi lui spécifiquement ?

C’était un rêve de pouvoir créer ce film avec lui et Julianne, qui avait déjà joué dans quatre de ses films. Il avait déjà exploré le côté obscur des idéaux américains sur les banlieues bourgeoises dans « Carol » et « Loin du paradis ». C’est cette vision-là qui m’a fait penser à lui. Il a la capacité de créer une tension folle dans ces environnements proprets. Il y a toujours une contradiction à l’écran, comme des couleurs chaudes dans un moment glacial, ou une musique exagérément dramatique dans un instant banal. Je trouve ça assez extrême, et surtout très drôle. J’aime cette faculté à trouver de l’humour taquin au milieu du drame.

À quoi ressemblait votre duo avec Julianne Moore en coulisses ?

C’était un duo amusant, efficace et plein de sens. On ne se connaissait pas vraiment avant le tournage. Je savais juste qu’elle me fascinait et j’ai réalisé lors de notre première scène ensemble que je la regardais au point d’oublier que j’étais aussi dedans (rires). Ma chance, c’est que mon personnage l’observe et l’étudie pendant le film entier, je ne me suis donc pas gênée pour continuer (rires).

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