David Clarinval, ministre fédéral de l’Agriculture, réagit à la grogne du monde agricole: «Quand j’ai voulu porter le message des agriculteurs, j’ai été barré par les Ecolos»


Sur tous les fronts depuis quelques jours, cette crise, est-ce une surprise pour vous ?
Pas du tout, c’est pour cela que j’avais bloqué la réforme fiscale voici quelques mois. Je rappelle que dans cette réforme, il y avait la suppression du diesel professionnel. A l’époque, on a dit : Clarinval défend les riches, mais je défendais les agriculteurs et les transporteurs. On a vu la colère que cela a déclenché en France et en Allemagne.
Que répondez-vous à ceux qui disent que les libéraux gèrent l’agriculture depuis des dizaines d’années ?
Chaque fois que je veux prendre des décisions au niveau du gouvernement, je suis bloqué par les Ecolos. Je suis dans un gouvernement de coalition et, quand j’ai voulu porter le message des agriculteurs, j’ai été barré par les Ecolos. Le Green Deal, c’est le pacte vert, pas le pacte bleu.
Aujourd’hui, la Commission et l’Europe ne perçoivent pas les besoins du terrain ?
Ils sont trop focalisés sur le Green Deal et ne tiennent pas assez compte des dégâts collatéraux. Il faut l’évaluer et le corriger. La politique menée actuellement est intenable et, en plus, elle n’est pas bonne sur le plan environnemental et sanitaire avec l’arrivée des produits de l’étranger et leurs émissions de CO2. Je rappelle que la PAC, à la base, c’était l’autonomie stratégique de l’Europe et la souveraineté alimentaire avec une alimentation de qualité.
On peut être autonome sans être protectionniste ?
Il faut que l’on ne dépende pas du reste du monde et que l’on garantisse un juste prix aux agriculteurs. Les derniers conflits nous ont montré l’importance d’avoir une autonomie alimentaire et énergétique. Ce n’est pas du protectionnisme. Je vais prendre un exemple facile : il y a quelques années, l’Europe a interdit les poules pondeuses en batterie. On a vendu ces cages aux ukrainiens et, aujourd’hui, on achète les œufs des poulets ukrainiens. Cela ne va pas. Il faut garantir que les produits qui viennent de l’étranger respectent les mêmes normes. Cela s’appelle les clauses miroirs.
Que faire avec les pesticides qui ont un impact sur notre santé ?
J’ai fait un plan de réduction de pesticides, mais qui est réaliste et qui respecte les demandes de l’Europe. Les Ecolos voulaient aller plus loin… On ne l’a pas fait.
Que pouvez-vous faire au niveau fédéral ?
Je voudrais faire passer la suppression de l’enregistrement des baux à ferme par écrit. Cela représente une charge colossale pour les agriculteurs. J’aimerais diminuer les surcharges administratives. On va avancer avec un groupe de travail et on va poursuivre la digitalisation. Je veux poursuivre la concertation au niveau des prix entre les agriculteurs, les transformateurs et la grande distribution. Je me suis engagé auprès des agriculteurs pour agir personnellement à ce niveau. Je veux réactiver la Task Force Ukraine. Je veux aussi, au niveau de la présidence de l’Europe, mettre la pression sur la Commission pour que les contraintes environnementales soient diminuées, comme les 4 % de jachère. Il faut plus qu’un report d’un an. Mais aussi réfléchir au niveau européen sur les normes d’émissions industrielles et d’autres dossiers en matière d’innovation, comme les nouvelles techniques génomiques (NGT).
Le citoyen ne voit plus l’agriculteur que comme une personne qui fait des nuisances ?
Il y a un bashing et surtout, venant des personnes qui habitent loin des fermes. Je rappelle que les agriculteurs protègent les prairies, soignent les animaux, entretiennent les haies. Ils sont les acteurs, les principaux alliés de la biodiversité. S’ils n’existaient pas, on devrait payer pour entretenir les zones rurales.
Un mot sur le congrès du MR de ce dimanche ? Avez-vous déjà trouvé quelqu’un pour remplacer Charles Michel ? Didier Reynders n’ira pas ?
Il l’a annoncé, en effet. Il n’ira pas. Il y a plusieurs pistes sur la table. Ce n’est pas l’objectif du Congrès.
Avez-vous des éléments concernant les agriculteurs dans ce Congrès ?
Le cœur du message est de montrer que l’agriculteur est une source de solution. L’agriculture, c’est comme l’énergie, les industries, ce sont des sujets stratégiques au niveau européen. Le pouvoir d’achat, c’est le cœur de notre congrès : 500 euros net en plus pour celles et ceux qui travaillent avec une réforme fiscale.
Craignez-vous une montée des extrêmes si vous ne répondez pas à cette colère ?
On l’a vu aux Pays-Bas. C’est pour cela que la Commission doit apporter une réponse à la hauteur des attentes.
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